N°42: Hundert folks-lider [Cent chansons populaires]

 

Titre : Hundert folkks-lider [Cent chansons populaires]

Auteurs : Menachem Kipnis et Zimre Zeligfeld

Lieu : Buenos Aires, Union des Juifs Polonais en Argentine

Année : 1948

N° : 42

Nombre de pages : 276 pages

Volume : 1

Lien vers le texte

http://www.yiddishbookcenter.org/collections/yiddish-books/spb-nybc213563/zeligfeld-zimrah-kipnis-hundert-folks-lider

Composition de l’ouvrage

  1. Lirish-romantishe un libes-lider (chansons lyriques, romantiques, chansons d’amour)
  2. Folkstimlekhe lider (chansons à caractère populaire)
  3. Lider fun lebn (chansons sur la vie)
  4. Religyeze, khsidishe, misnagdishe un filozofishe lider (Chansons religieuses,
  5. Humoristishe lider (chansons humoristiques)
  6. Tish un trink-lider (chansons à boire et à manger/de table)
  7. Yiddish-goyishe lider
  8. Gas un ganovim lider (chansons de la rue et de voleurs)

 

Contexte, configuration d’écriture, publication

En tant que publication posthume, l’ouvrage de la collection s’apparente à une réédition, mais il s’agit d’une édition inédite puisqu’elle se fonde sur une compilation des deux anthologies de chansons publiées par Kipnis et Zeligfeld en 1918 et en 1925, qui furent des énormes succès en leur temps.

Le volume est introduit par une préface de Marc Turkow, qui fait l’éloge de l’auteur. Il le présente comme quelqu’un d’instruit, cultivé, curieux, voyageur : il le définit comme un « mentsch de la bohème juive ». Ce portrait idéal du juif polonais intellectuel de l’entre-deux-guerres est corroboré par d’autres sources, qui le montrent comme un personnage extrêmement populaire, ayant eu un rôle important dans la mémoire de la vie culturelle juive polonaise. Cette dimension, ajoutée à sa mort dans le ghetto, explique sans doute sa place au début de la collection, et motive peut-être aussi le fait que Kipnis figure seul en position auctoriale – alors que les recueils dont celui-ci procède avaient été composés en collaboration avec Zimre Zeligfeld, donnée comme co-auteur dans le paratexte.

Les deux photographies en ouverture du volume ont une fonction commémorative qui rapproche cette réédition des Livres du Souvenir.

Le contenu même de l’ouvrage induit une certaine conception du folklore avec, là encore, un effet d’écho avec les pratiques de la collection. En effet, la définition du folklore selon Kipnis est très large, englobant ce qui est produit par le peuple et pour le peuple : « les chansons folkloriques telles que les concevait Kipnis ne prétendent pas provenir du peuple » (Gottesman, p.59). Ainsi, on trouve dans le recueil des chansons collectées et réadaptées par des écrivains et poètes connus tels que Moyshe Broderzon (1890-1956), Y. Katsenelson (1886-1944), Alter Katsine (1885-1941), Peretz Markish (1895-1952), Zusman Segalovitz (1884-1949), H.D. Nomberg (1876-1927), I. Trunk (1887-1961). Il est intéressant de constater que presque tous ces auteurs, à l’exception de Peretz Markish, sont présents dans la collection, que ce soit en tant qu’auteur de livres réédités (Kacizne, Nomberg), écrits directement pour la collection (Segalovitch, Trunk), ou encore en tant que sujet biographique : la femme de Broderzon et la sœur de Katsenelson, publiant sur la vie de ces derniers. On voit ainsi comment l’ouvrage de Kipnis s’inscrit dans une cohérence par rapport à la collection : la destruction du monde judéo-polonais, qui semblait à première vue créer une rupture entre la Pologne juive d’avant-guerre et la communauté survivante en diaspora, est contrebalancée par une forte continuité entre la collection et le monde dont elle parle, à la fois en terme de réseau – ce sont les mêmes figures qui constituent l’un et l’autre – que de pratique – la collection repose sur un geste de collecte tout comme l’ouvrage de Kipnis et de nombreux autres, à leur propre échelle.

Ainsi, la pratique de la zamlung, sous la forme de recueils publiés dans la collection, se constitue en archive, tout en conservant, dans l’immédiat après-guerre, encore, une fonction d’usage : les chansons recueillies par Kipnis sont éditées pour pouvoir être chantées : le geste éditorial qui les précède leur confère, encore, une fonction performative, tout en les considérant, déjà, comme des traces d’un monde disparu.

C’est pourquoi les ouvrages ayant trait au folklore sont chargés d’une forte portée symbolique. À la fois échos de l’un des savoirs constitutifs de la société judéo-polonaise sécularisée depuis la fin du dix-neuvième siècle, faisant la jonction entre des traditions populaires ancestrales et les pratiques savantes de la bourgeoisie intellectuelle, les travaux ethnographiques, ou les écrits se fondant sur ces derniers, touchent au cœur de ce que fut la culture yiddish avant la Seconde guerre mondiale. En redonnant à lire certains de ces recueils, ressaisis à travers le prisme du khurbn et de la disparition du monde qui les avaient vu naître, et en proposant des configurations inédites à partir de ces matériaux, la collection réussit à faire tenir ensemble l’histoire passée et présente de la judéité polonaise.

 

Paratexte

Une photographie de Menachem Kipnis et une photographie de Zimre Zeligfeld côte à côte (p.2)

 

Préface

Kipnis un Zeligfeld de Marc Turkow

Sous titre « notitsn un shtrifn » (notices et traits : notice biographique)

Reproduction d’une caricature de Nomberg parue dans « Di ilustrirte velt » 1919

 

Liste des ouvrages parus et à paraître