N°11 : Di yidn shtot Lublin [La ville juive de Lublin]

 

Titre : Di yidn shtot Lublin [La ville juive de Lublin]

Auteur : Meir Balaban

Lieu : Buenos Aires, Union des Juifs Polonais en Argentine

Année : [1919] 1947

N° : 11

Nombre de pages : 206

Volume : 1

Composition de l’ouvrage

Chapitre I La ville juive de Lublin et son développement au 16e s.

Histoire de la ville depuis le XIIe s. Les juifs arrivent au XVè et au XVIè s. ; ils vivent près du château car ville a le « non tolerandis judais ». Ils obtiennent des droits en 1523. Au XVIè s, le commerce se développe à l’échelle internationale. Le premier procès contre des commerçants juifs (qu’ils gagnent) a lieu en 1521. Ils obtiennent l’exemption de taxes royales et l’égalité de taxes avec les habitants chrétiens (1550). Le centre commercial était sur la place du marché mais les juifs vivent hors de la ville, près du château. C’est la période des premières synagogues et institutions sociales.

En 1568, le roi Zygmunt August leur accorde droit de non tolerandis christianis, c’est à dire le droit de vivre entre eux au pied du château. Mais des chrétiens y vivent quand même et ont même une église. Des « jacqueries » des étudiants jésuites contre les juifs se produisent, comme en 1646 où 8 juifs furent tués, 50 blessés et 20 maisons incendiées.

Deux juridictions géraient la ville juive : au nord du château et au sud. Les interdictions commerciales étaient peu respectées.

Chapitre II La communauté juive de Lublin, ses droits et ses devoirs

La communauté juive de Lublin est plus tardive que les autres en Pologne et on a utilisé des modèles existants.

Les liens des riches juifs avec les rois : banquiers, receveurs d’impôts. Balaban donne l’exemple de Josko à Lwow, mais le roi fut obligé par l’église de lui retirer de nombreuses juridictions, il dut s’installer à Lublin ou c’était le seul juif vivant sur le rynek. Après sa mort, son fils Peschah doit cependant quitter le rynek pour aller dans quartier juif, sous pression des juges urbains. Son autre fils Szachna devient un talmudiste reconnu, même le roi lui donne droit de cité dans toutes les villes, il co-fonda la yeshiva de Cracovie avec son élève Moise Isserles. Il devint grand rabbin de Petite Pologne avec celui de Cracovie. Il est enterré au cimetière juif de Lublin, pèlerinages jusqu’ aujourd’hui.

Citation du privilège de 1556. (sur les tribunaux juifs)

Chapitre III La culture des Juifs de Lublin, 16-17°s

En 1567, construction d’une yeshiva, dirigée par Salomon Luria, d’Ostroga. Il s’oppose à la méthode du pilpul (dialectique). Très célèbre dans le monde entier, il est enterré à Lublin où il y a un monument en son honneur, rénové en 1876. Ses successeurs sont mentionnés.

D’autres gens illustres viennent du monde entier pour apprendre le Talmud : le Docteur Ezechiel, le Docteur Maj. Il y eut également deux frères venus du Portugal, en tant que marranes, médecins (notamment Felix Rodrigo de Castel Branco ou Eliah Montalto, médecin de Marie de Médicis et Henri IV et Louis XII – son fils est enterré à Lublin, son petit-fils Vitalis Feliks (Chaim) est devenu directeur de l’université de Padoue. Il y eut des imprimeries juives à partir de 1547.

Chapitre IV Le tribunal de la Couronne

En 1578, le roi Stefan Batory fonda le tribunal comme la plus haute instance pour affaires criminelles et quelques affaires civiles. Il est installé à Lublin. C’est l’époque de construction des maisons des magnats (pour les juges), mais aussi l’époque des pogromes commis par des bandes saoules.

Mais il y a également souvent des problèmes de rumeur crime rituel : au tribunal sont jugés les appels des cours locales – les juifs sont torturés pour obtenir des aveux. Les juifs essaient de se défendre en soudoyant les juges, en vain. Peines de mort appliquées avec cruauté, souvent le shabbat devant la synagogue. Souvent suivi de pogromes et vol de magasins juifs.

Il donne l’exemple du village de Swiniarowo (1598) : 4 juifs accusés d’avoir enlevé et mutilé le fils du meunier. Fausse accusation obtenue par la force, condamnés à mort.

Il n’y eut pas de procès en 1636 et 1639. Les juifs en avaient si peur que le rabbin ordonna un jour de jeune lors de l’ouverture de la session annuelle.

Chapitre V Le parlement juif de Lublin (le parlement des 4 pays)

Au Moyen âge les juifs construisaient selon leur monde leur famille et leur communauté. Mais les juifs polonais, qui vivaient depuis plus longtemps et avec plus de sûreté dans ce pays, purent rajouter à l’édifice de leur communauté un deuxième et troisième étage :

Balaban explique la formation de la diète : union des gmina, réalisée en 1580. Une centralisation des impôts, un état dans l’état. La diète se rassemble à Lublin puis, plus tard, dans les environs. Mais après quarante-trois ans les juifs de Lituanie quittent le conseil et fondent le leur à Brest Litovsk en 1623.

Cette diète régule tous les aspects de la vie juive, conflits entre communautés, les questions de commerce (notamment comment contourner l’interdit du prêt à intérêt, contraire à la loi juive), les questions religieuses (corruptions de rabbins, abattage rituel, place de la femme), les interventions auprès des autorités chrétiennes. Parfois même venaient des juifs de toute l’Europe pour demander conseil.

Chapitre VI La grande guerre (1648-60)

Chmielnicki, et les cosaques, alliés aux tatares, massacrent les juifs à l’est. La ville de Lublin se prépare à se défendre, renforce les murailles. Dans la ville juive ne restent que les plus pauvres, une épidémie se déclare faisant 10 000 morts. Finalement, alors qu’il est aux portes de Lublin, Chmielnicki se retire, après une promesse d’accord avec le nouveau roi Jan Casimir.

En 1651, la diète juive se réunit pour aider les frères juifs de l’est : jeûne du 20 Sivan,

En 1654, l’éclipse de soleil annonce épidémie en Grande Pologne, puis les cosaques reviennent, avec aussi les Suédois, qui tuent beaucoup de Juifs. Les Cosaques sont à Lublin. Citation d’une chronique datée de 1656 d’un habitant de Lublin, racontant l’incendie de la ville juive et le vol.

D’autres sources juives racontent aussi comme des sages juifs furent empalés vivants et que beaucoup se suicidèrent pour échapper aux tortures, leurs noms figurent encore sur les murs du cimetière, aujourd’hui seul un seul est lisible : Bendit. On a retrouvé 2700 corps dans les ruines de la ville juive. La ville passe de main en main pendant la guerre jusqu’en 1660. On décrète jeûne du 14 tichri (1655, veille de sukkot, quand ville fut brulée)

Chapitre VII Après la grande guerre (deuxième moitié du 17e siècle)

La ville est en ruines. Une nouvelle attaque des Tatares a lieu en 1672 et détruit à nouveau la ville juive. La vie reprend avec le retour du tribunal et des marchés.

Mais le petit artisan non juif veut toujours se débarrasser d’eux, et trouve un allié dans l’église : fin de la tolérance des Piast et Jagellon, c’est maintenant l’église qui règne. On persécute les protestants. Contre les juifs, des pogromes ont lieu (en 1664 à Cracovie et Lwow), des accusations de profanations d’hosties (1669). En 1677, le tribunal condamne tous les juifs polonais en bloc, ce qui rend de plus en plus difficile le commerce des juifs.

En 1679, une lettre de Jan III Sobieski leur interdit le commerce le dimanche et fêtes et leur interdit d’être en ville ces jours-là. Cette lettre annule tous les pactes jusque là conclus avec la ville, tandis que la Congrégation des Marchands chrétiens obtient reconnaissance royale en 1685. Mais le roi renonce en 1696 et rend les privilèges.

Chapitre VIII Lutte pour le droit au commerce au 18e s

« la fin du XVII s fut aussi triste pour la République que son milieu ». De nombreuses catastrophes se produisent à Lublin : en 1695, une épidémie fait des milliers de morts; incendie ensuite. La ville passe aux mains des suédois (Charles XII) puis des Russes (Pierre le Grand en 1707). Celui-ci édicte un décret en 1720 condamnant les Juifs de Lublin, renonce à prolonger les accords commerciaux existant, expulse les Juifs et interdit aux chrétiens de leur louer des locaux. Mais peu suivi d’effet. Commission convoquée en 1736 pour faire exécuter ce décret. Finalement, le roi annule le décret en 1738 mais les habitants continuent d’expulser les Juifs. Nouvelle commission en 1744, mais toujours sans effet car les Juifs paient des impôts indispensables à la ville…

La même situation se retrouve dans les autres villes, les Juifs doivent lutter pour développer le commerce (Lwow, Cracovie, Poznan…)

Par ailleurs, c’est « l’époque des superstitions » : « tout le monde croyait aux sorcières ». L’apogée de ces croyances se situe au milieu du XVIII°s, tous les ans ont lieu des procès pour crimes rituels dans le pays qui se finissent dans le sang. Dans une dispute à Lwow en 1759, Frank affirme que les Juifs ont besoin de sang chrétien, cette fois-ci la noblesse n’aide plus les Juifs, nouvelle tentative d’expulsion des Juifs de Lublin en 1759. Elle a lieu en 1761, les Juifs doivent fuir vers le quartier juif, après avoir vécu dans Lublin pendant presque cent ans. Commence alors un commerce clandestin vers la ville chrétienne.

1772 : premier partage.

1780 : nouvelle explosion de haine antijuive, procès, attaque de commerces, et finalement nouvelle expulsion lors du troisième partage. Les juifs contraints d’aller dans la ville juive et dans les faubourgs. Cette situation dure jusqu’en 1862, alors la Vieille ville devient presque entièrement habitée par les Juifs.

Chapitre IX Les artisans

L’artisanat s’est tôt développé chez les Juifs car selon la loi juive, un Juif ne peut s’habiller dans des vêtements cousus par un juif et manger de la viande abattue par un juif. Les conflits commencent quand ces artisans cherchèrent des clients chrétiens, s’opposent alors les guildes, dont les Juifs se voient refuser l’accès (demande de 1629). Par conséquent, ils continuèrent de commercer, mais illégalement (décret royal de 1615) ; les contrôles devinrent plus difficiles encore lorsque les Juifs habitèrent la ville même (après l’incendie et le Déluge de 1656). Pourtant le décret de 1659 interdit de nouveau le commerce juif, le principal tailleur est même arrêté mais les magnats juifs le font libérer. On oblige les commerces à apposer un signe visible d’appartenance à une guilde. Les Juifs forment donc leur propre guilde, mais illégale car sans lettre royale, mais conclut accord avec guildes chrétiennes (1759) pour limiter le nombre de tailleurs juifs à 24 – comme c’est impossible, les maitres tailleurs chrétiens s’énervent et massacrent des tailleurs juifs en 1767, ils sont arrêtés pour cela. En 1789, le nombre de Juifs tailleurs officiels est porté à 44. (citation de l’accord de 1792).

Certaines guildes juives étaient riches, avaient leur propre synagogue et les moins fortunées disposaient seulement d’une salle de prières attenante. « Malheureusement la majorité des livres de compte de ce guilde a disparu, une source importante pour l’étude de la vie interne de la communauté juive » (p. 80)

Chapitre X Abraham Heilpern et son époque (la culture juive polonaise au 18° siècle)

Dans les difficiles conditions d’exercice et de relations avec les chrétiens, peu étaient volontaires pour diriger la communauté, mais quand l’un était nommé c’était à vie. C’était souvent les familles fortunées qui formaient une oligarchie. Ils pouvaient le détruire matériellement et moralement par les pouvoirs qu’ils avaient.

Un exemple de ces dirigeants : Abraham Chaimowicz, de la famille des Heilpern. Son fils, Jakub Chaim, devient rabbin de Lublin jusqu’à sa mort en 1769 et résout une dispute relevant du sabbatéisme, cela s’amplifie, arrive devant la diète juive, son père Abraham doit renoncer à son poste à cause de la décision du fils de soutenir le rabbin d’Amsterdam plutôt que Emdem. Ce dernier se venge quatorze ans plus tard en obtenant une inspection des comptes de la communauté pour dénoncer des détournement de fonds de son rival, élu à sa place (Abraham de Leszno, qui alors avait été convaincu par Emdem), et regagne son poste.

Affaire des Frankistes (successeurs de Sabbatai Tsvi), excommunié en 1756. La dispute de Lwow où Frank (qui ne s’est pas converti au christianisme, mais le fit juste après) affirme que les Juifs utilisent du sang chrétien. Il passe par Lublin ou il est lapidé par la communauté juive, qui doit ensuite payer une amende pour cela. Cela explique qu’aujourd’hui encore, la synagogue de cette famille est très respectée.

Chapitre XI Le rabbin Jacob Isaac Horowitz

Quelques mots sur le mouvement hassidique, sur le fait qu’après la dissolution de la Diète des Quatre Pays (1764), il devient plus difficile de contrôler les différents mouvements juifs. Le hassidisme repose non sur un judaïsme organisé mais sur le tsaddik et son mouvement. L’un des envoyés de Magid (élève du Bal chem Tov), fut le rabbin de Lublin, Horowitz, né à Jozefow nad Wisla, et fils de rabbin. Marié de force, il s’enfuit, (il y a des légendes diverses sur son périple et sa formation jusqu’à ce que les anges lui disent d’aller près de Lublin (Wienawa) ou il commence à être connu dans la Ville juive par ses miracles.

« C’était des temps très troublés. Le Grand Corse asservissait le monde entier, il détruisait un Etat, il en formait un autre. Ses pouvoirs s’étendaient de l’Océan atlantique à la Vistule. C’est grâce à sa clémence que l’Etat polonais put renaitre. En 1807 le Duché de Varsovie fut créé, donnant à tous ses habitants des droits égaux. Tous les citoyens, sans distinction de religion, devaient être égaux devant la loi et avoir aussi les mêmes devoirs envers la patrie. Cette nouvelle se diffusa au sein des cercles juifs, suscitant des sentiments divers. Dans les cercles hassidiques, on discutait souvent de cette question. Napoléon, ce « Sanherib du Nord » était dans toutes les bouches » (p.98).

Une légende raconte la dispute entre le rabbin Mendel de Rymanow qui invitait ses fidèles à prier pour Napoléon. Un élève protesta disant que ce dernier était « le plus grand athée au monde ! ». Naftali, l’élève répond : mais il faut envoyer nos enfants à l’école, nos fils à l’armée, briser le mur entre nous et les autres nations et refuse d’accepter que nous sommes le peuple élu. Réponse du rabbin : Napoléon est un outil dans les mains de Dieu, il est celui qui dit aux rois et aux nations : je vous punirai si vous maltraitez les Juifs. Les deux vont ensuite voir Jacok Isaac. Il réfléchit longtemps mais ne put donner de réponse. Ils vont donc à Kozenice, demander à Magid qui dit que doit mourir celui qui conduit les hommes au péché (en les envoyant dans l’armée ou ils doivent transgresser les commandements).

En 1807, Napoléon ordonne la destruction des ghettos. Les Juifs ont peur, les hassid aussi et prennent même contact avec les autorités juives officielles pour qu’elles fassent pression sur la noblesse pour faire invalider la Constitution. Finalement, c’est abrogé par le prince de Varsovie Frédéric de Saxe Auguste en 1808. Les hassid crient victoires et miracle de la fi de la « constitution du diable ».

Pour la conscription, là encore les efforts du tsadik Magid auprès de Poniatowski paient : une taxe est versée en compensation.

Une légende hassidique dit que Magid aurait tenté de dissuader en vain Poniatowski de se rendre en Russie. Les hassid sentent que la fin du monde approchent et prient

  1. 101 « mais les cieux avaient d’autres projets ».

Chapitre XII Promenade à travers le ghetto

Il s’agit d’un chapitre à part qui décrit une promenade à travers Lublin. Deux collines, une grande et une petite. Sur la grande, Vieille ville, sur la petite, le château. Entre les deux, la Porte de Cracovie et la Porte du château, qui conduit à la ville juive.

Promenade commence par la vieille ville, le rynek, la porte Juive (rue Grodzka) et arrivée dans la ville juive : magasins ou l’on peut acheter de tout.

On passe par l’Hopital juif qui a été construit en 1611.

Quartier de Podzamcze : synagogue Saul Wahl, qui selon la légende fut roi polonais par interim. En réalité, il était le banquier du roi Stephan Batory et Zygmunt III Wasa.

Rue Szeroka se trouve le centre du ghetto : il y a beaucoup de magasins. Il y a la synagogue de Hirsz Doktorowicz, celle des commerçants, l’école pour fille, la maison des Horowitz, celle des Eiger (hassid), la synagogue de Heilpern, la grande synagogue de S. Luria

Les synagogues : style byzantin – description des synagogues sur plan architectural.

Le cimetière juif, quartier le plus pauvre, pancartes indiquent (en mars 1918) : « attention typhus » (p.116).

« du reste des lublinois méchants affirment ironiquement que les pauvres se sont mis là pour être près du cimetière ». Il a 350 ans, la plus vieille tombe date de 1541 ». Les parties deux et trois du cimetière abritent le panthéon des grands hommes, rabbins, médecins….

Rue Lubartowska, la plus longue du ghetto, abrite des juifs orthodoxes riches et marchands. Cette rue mène au nouveau cimetière juif. Avant le cimetière, il y a un petit cimetière militaire ou sont enterrés les soldats et officiers austro-hongrois et russes, les premiers ont été tués durant les combats de 1914 à Krasnik « et pas encore recouvert d’une pierre tombale, ils comptent le faire seulement au printemps 1919 ! ».

« nous quittons le ghetto et retournons dans la ville (…) par une belle après midi ensoleillée se promènent ici des dames distinguées et des messieurs élégamment habillés. Il y a parmi eux de nombreux juifs mais ce sont des juifs modernes » (p.122).

Nous quittons cette rue et nous dirigeons vers le faubourg de Wienawa « qui fait l’impression d’être une campagne » : synagogue, bain, cimetière, heder ou résonne « le chant monotone des enfants »

 

Configuration d’écriture

Ce texte fut écrit en allemand pendant la Première guerre mondiale. Il a été publié en 1919 par Judischer Verlag à Berlin. Il contient onze chapitres historiques, le douzième est un guide dans la Vieille ville et la ville juive. Son ami Karl Richard Henker de Charlottenburg a fait les dessins, qui sont conservées dans la version yiddish.

Il contient trois introductions :

  • une préface de A.L. Susheim, qui présente cet ouvrage, du fait de sa réédition après le génocide et la mort de son auteur sous l’occupation nazie, comme « un monument, un mémorial de « la ville des juifs », comme le rappelle l’historien. Cette description de Lublin est un « symbole des toutes les villes et villages juifs de Pologne disparus » (p.7). « ce serait lui rendre justice que de rassembler ne serait-ce qu’un fragment de son œuvre dans un livre en yiddish » car il est aussi important que Dubnow, Shiper, et le jeune Ringelblum « assassinés par les allemands (…) c’est pourquoi il faut que ce livre « la ville juive de Lublin » soit un mémorial non seulement en mémoire de la vieille kehila assassinée par les nazis mais aussi pour son historien tragiquement disparu ». Par cette comparaison, la version yiddish de l’ouvrage de Balaban est assimilée à un Livre du Souvenir, qui commémore à la fois la ville juive de Lublin et l’auteur de l’ouvrage.
  • une préface de l’éditeur polonais qui retrace le parcours de l’auteur.
  • une préface de l’auteur, qui à l’époque de la publication explique vouloir faire une immersion dans la Lublin du passé : « ce livre veut tirer ses habitants de l’oubli, veut être un guide du ghetto du passé et de celui du présent. Peut être que la guerre détruira les murs des anciens ghettos et que les générations suivantes pourront grâce à ce livre savoir comment ont vécu et souffert leurs ancêtres dans le passé ».

L’auteur explique qu’il a écrit ce livre pendant la guerre, qui l’a conduit à Lublin, malgré l’impossibilité d’accéder aux bibliothèques et à ses notes. Il a dû attendre de pouvoir aller à Varsovie pour obtenir des dates. L’ouvrage contient en annexe certaines des sources utilisées.

En ce sens il constitue à son tour une archive, étant donné que les originaux ont été détruits.

Crédit

Rédaction : Audrey Kichelewski

Édition : Judith Lindenberg