Katzetnik (Yehiel Dinur), 1917-2001
Katzetnik est le pseudonyme de Yehiel De-Nur (ou Dinur), né Yehiel Feiner. Il est né en 1917 (date sujette à caution) à Sosnowiec en Pologne dans une famille hassidique. Il a étudié dans une yeshiva à Lublin, puis à l’Université de Varsovie. Il est devenu rabbin au début des années trente, mais il aurait commencé à abandonner le judaïsme orthodoxe au fil de cette décennie. Violoniste doué, il a composé de la musique et il a aussi écrit de la poésie en yiddish. Il était apparemment assez connu dans la communauté juive et il a publié son premier recueil de poèmes, intitulé Tsveiuntsvantsig : Lider en 1931 à Varsovie ; Lorsqu’il a appris – après la guerre – que la bibliothèque municipale de Jérusalem avait un exemplaire de ce recueil, il l’a volé, puis brûlé. En 1943, il a été arrêté par la Gestapo et déporté à Auschwitz où il est resté pendant deux ans. Grâce à l’arrivée de l’armée soviétique, il a échappé aux « marches de la mort » et il a été libéré en février en 1945. Toute sa famille – y compris sa femme – a péri pendant la Shoah ; sa sœur jumelle Daniella aurait été violée et assassinée par les nazis. Après sa libération, Katzetnik a erré en Europe, avant d’arriver en Italie en 1946 où il a passé du temps dans un hôpital de l’armée anglaise. Là, il aurait aussi rédigé en deux semaines et demi son premier roman (Salamandra, dans lequel on trouve déjà un des personnages principaux de La maison des poupées, Harry Preselshnik). Il est parti en Palestine en 1946 où il a changé son nom pour celui de Yehiel Dinur (« dinur » signifie « feu » en araméen et rappelle donc la destruction des Juifs d’Europe). En 1947, il a épousé Nina Asherman. Il a publié plusieurs romans dans les années cinquante sous le nom de plume de Katzetnik 135633 ; le numéro est celui qu’il avait reçu à Auschwitz. En 1961, il a témoigné au procès Eichmann et, à cette occasion, sa véritable identité (d’écrivain) a été révélée. Son témoignage est l’un des plus connus car, au moment où il s’apprêtait à répondre à une question de l’avocat, Katzetnik a prononcé les mots « Je me souviens… » puis il s’est évanoui. En outre, son témoignage pendant le procès a été par la suite diffusé chaque année à la télévision pour « Yom Hashoah », le jour de commémoration de la Shoah en Israël. Katzetnik a été l’un des premiers écrivains israéliens à écrire sur la Shoah ; ses livres ont donc « représenté » cet événement pour toute une génération d’israéliens. La maison des poupées a été son plus grand succès à la fois en Israël et à l’étranger puisque ce livre a été publié dans de nombreuses langues et, d’un pays à l’autre, a acquis le statut de best-seller. En tout, Katzetnik a publié une quinzaine de romans (le dernier, Kaddish, a été publié en 1998) et il a continué à écrire jusqu’à sa mort en 2001 à Tel Aviv.
Bibliographie
Salamandra, 1946; Sunrise over Hell, traduit par Nina Dinur, 1977
Beit habubot, 1953; House of Dolls, traduit par Moshe M. Kohn, 1955
Hashaon asher meal harosh [The Clock Overhead], 1960
Karu lo pipl, 1961; Piepel, traduit Moshe M. Kohn, 1961
Kokhav haefer [Star of Ashes], 1966; as Star Eternal, traduit par Nina Dinur, 1972
Kahol miefer, 1966; Phoenix Over The Galilee, traduit par Nina Dinur, 1969
Nidon lahayim [Judgement of Life], 1974
Haimut [The Confrontation], 1975
Ahavah balehavot, 1976; Love in the Flames, traduit par Nina Dinur, 1971
Hadimah [The Tear], 1978
Daniella, 1980
Nakam [Revenge], 1981
Hibutei ahavah [Struggling with Love], 1984
Shivitti: A Vision, traduit par Eliyah Nike Dinur et Lisa Herman, 1989
Kaddish, 1998