N°29: Henekh, a yidishe kind vos iz aroys geto [un enfant juif hors du ghetto]

 

Titre : Henekh, a yidish kind vos is aroys fun geto [Henekh, un enfant juif hors du ghetto]

Auteur : Yankev Pat

Lieu : Buenos Aires, Union des Juifs Polonais en Argentine

Année : 1948

N° 29

Nombre de pages : 159 pages

Volume : 1

Lien vers http://www.yiddishbookcenter.org/books/search

http://www.archive.org/stream/nybc200440#page/n0/mode/2up

Résumé de l’ouvrage

1ère partie

Henekh vit dans le ghetto de Varsovie avec son grand frère Borukh, sa petite sœur Gitele et ses parents. Henekh et Borukh veulent rejoindre leur tante Pese dans le shtetl Garvolin, situé à 40 km de Varsovie. Henekh a 9 ans en 1939, et 13 en 1944. Il a donc entre onze et douze ans pendant la période dont il parle.

Le livre commence lorsqu’ils s’enfuient du ghetto pour aller vers Garvolin, à la fin de l’été 1941 (le ghetto de Varsovie est fermé en novembre 1940). En chemin, ils se font vite arrêter au village Pavshin, sont enfermés plusieurs jours dans une cave jusqu’à ce qu’une femme les libère. Ils se font ensuite à nouveau arrêter, frapper, humilier, dorment dans la forêt, sont affamés, se font rejeter de trains, marchent pendant des jours. Dans la ville d’Otwock, ils restent quelques jours dans le ghetto, puis parviennent enfin à monter sur une charrette qui les emmène vers Garvolin. En arrivant, ils apprennent que beaucoup de Juifs du shtetl ont été tués dans la forêt et que les quelques survivants se trouvent dans le proche village de Parissev. Une fois dans ce village, les deux frères retrouvent leur oncle Mordekhai Ber, abattu, qui leur apprend que leur tante et leurs enfants sont morts. Après quelques jours passés auprès de leur oncle, ils décident de rentrer retrouver leurs parents dans le ghetto de Varsovie. Ils parviennent à monter dans un bus qui les emmène dans le ghetto. N’ayant pas de laisser-passer, ils sont arrêtés à l’entrée mais parviennent à s’enfuir jusque chez eux. A l’arrivée, leur père n’est pas là. Ses pieds gelés l’empêchent de rentrer du travail. Henekh part le chercher et le ramène à l’aide d’une brouette.

2ème partie

La suite de l’ouvrage est tout d’abord consacré à la vie de Henekh et de sa famille dans le ghetto. Henekh et son frère font de la contrebande pour survivre, ce pourquoi ils se rendent souvent du côté « aryen » afin d’y trouver quelque chose à vendre dans le ghetto. Leur sœur Gitele meurt et Henekh et sa mère la déposent à l’entrée du ghetto, d’où elle sera déposée dans une fosse commune. Un peu plus tard, un ami de Henekh, Tadi, l’emmène à la maison d’orphelins pour assister à une fête de Pourim. L’atmosphère est très joyeuse, les enfants ont monté un spectacle et Henekh est fier de bien chanter devant son ancien instituteur qu’il a reconnu. Quelques temps plus tard commencent les premières déportations. Les enfants de la maison, les pédagogues et le « vieux docteur » (sans doute une allusion à Korczak) sont emmenés à l’Umshlagplatz, Henekh est arrêté peu de temps après mais parvient à s’enfuir. Ses parents sont eux aussi arrêtés quelques jours plus tard. Henekh se rend à l’Umshlagplatz afin de les retrouver, mais ne les aperçoit pas et parvient de justesse à échapper à une déportation. Lui et son frère décident alors de fuir à nouveau du ghetto. Henekh perd la trace de son frère lors de leur départ et ne le reverra plus.

Du côté « aryen », il se joint à un groupe d’autres enfants juifs se faisant passer pour des enfants non Juifs, vivant de contrebande, puis de la vente des vêtements qu’ils récupèrent régulièrement dans le ghetto. Après plusieurs mois de cette vie clandestine, Henekh décide de retourner dans le ghetto. Il y rencontre alors un groupe de survivants qui préparent une insurrection. Henekh participe avec eux et son ami Tadi à l’insurrection du ghetto et vivent dans des abris souterrains jusqu’à sa destruction totale. Henekh et les quelques survivants de l’insurrection s’échappent par les égouts, puis à leur sortie, montent dans une voiture venue les chercher. Henekh, malade et très affaibli, est laissé seul dans un champ des environs de Varsovie où une femme juive, vêtue en religieuse catholique, l’emmène dans une cave où sont cachés d’autres Juifs.

À la fin de l’année 1943, elle lui demande d’écrire ce qui lui est arrivé pendant la guerre dans un cahier. Ce cahier est retrouvé parmi les ruines de la maison après la libération. Henekh est mort en 1944 pendant l’insurrection de Varsovie.

Contexte, configuration d’écriture, publication

Le livre se base sur le témoignage de Henekh, un enfant juif du ghetto de Varsovie. Ce témoignage, ou journal (Yankev Pat parle d’un « tog bukh », bien que celui-ci n’ait pas été écrit jour après jour, mais d’une traite à la fin de la guerre) a été trouvé dans les ruines d’une maison dans les environs de Varsovie. C’était un cahier de 91 pages, rédigé en polonais. Il a été donné à Yankev Pat par un « jeune ami, un survivant du ghetto de Varsovie », lors du voyage effectué par Yankev Pat en Pologne en 1946. Il pourrait s’agir de Marek Edelman (selon la correspondance entre les deux hommes). Dans la préface, Yankev Pat s’interroge longtemps sur la mise en forme la plus intéressante pour donner à lire ce « petit trésor » (voir extrait) : publier le texte brut, ou l’enrichir de détails. Il décide finalement de faire les deux : de citer le texte tel qu’il est (en le traduisant du polonais au yiddish) écrit par Henekh, tout en l’enrichissant. Le récit est construit à la fois de citations du récit original de Henekh à la première personne, et de commentaires de Pat en son propre nom. Parfois, la distinction entre les inventions de Pat et les extraits du récit n’est pas claire.

Avant d’être publié dans la collection Dos poylishe yidntum, cet ouvrage a d’abord paru sous forme d’articles dans la presse yiddish américaine et argentine.

Paratexte

Préface : Yankev Pat, 6 pages.

Extrait (p.9)

« J’ai pris le cahier avec moi. Avant cela, je l’ai lu et relu bien des fois. Son importance et sa sainteté ne cessaient de grandir dans mon cœur. Je voulais remplir cette mission : le faire connaître aux yeux du monde, mais je ne cessais d’en repousser le moment. Je n’arrivais pas à faire face à cette lourde tâche. La tâche était particulièrement ardue, car bien des passages du journal étaient écrits dans un esprit de connivence, dans une langue allusive, et devaient être mieux expliqués et développés. Entretemps d’importantes sources me sont parvenues, qui donnaient la possibilité d’éclaircir les passages peu clairs, des rencontres et des documents sur des événements qui complétaient heureusement les détails et les moments racontés dans cet exceptionnel « journal ». Une question s’est imposée à moi : est-ce qu’il me fallait seulement recopier le « petit trésor » mot à mot et le laisser tel quel comme document pour les chercheurs, psychologues et historiens à venir, ou bien en élargir le sens, le développer, le rendre plus clair ? Il m’était très difficile de trancher et je ne cessais de remettre la décision à plus tard. Henekh réclamait silencieusement son dû : le « petit trésor » ne voulait et ne pouvait rester enfermé dans un tiroir de mon bureau, et j’ai finalement décidé de faire l’une et l’autre chose. Premièrement, de le transmettre tel quel, mot à mot, tel qu’il a été écrit dans le « bunker », aux historiens et aux savants. Et deuxièmement, de le raconter plus précisément et de le développer pour le grand public, en y ajoutant tout les détails, les descriptions et les explications historiques nécessaires » (traduction : Fleur Kuhn).

Postface : non

4è de couverture : non

Illustration : non

Ouvrages publiés et prévus.

2 critiques de presse : Melekh Ravitch sur Tlomatske 13 de Segalovitch (n°9, 1946)

David Markus sur A vanderung iber okupirte gebitn de Tania Fuks (n°24, 1947)

Édition originale

Littérature pour enfants

 

Crédit

Lecture et rédaction : Constance Pâris de Bollardière

Édition : Judith Lindenberg